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Compte_supprime_53531

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  1. dsc019754ke.th.jpg

    J'en suis au 2)a)

    lorsque M est en A alors : AA²+AB²+AC²=3AG²+GA²+GB²+GC²

    lorsque M est en B alors : BA²+BB²+BC²=3BG²+GA²+GB²+GC²

    lorsque M est en C alors : CA²+CB²+CC²=3CG²+GA²+GB²+GC²

    lorsque M est en O alors : OA²+OB²+OC²=3OG²+GA²+GB²+GC²

    b) AA²=0, BB²=0, CC²=0 et 3AG²+3BG²+3CG²=0 donc il me reste : AB²+AC²+BA²+BC+CA²+CB²=3(GA²+GB²+GC²)

  2. MA²=(MG+GA)²=MG²+2MG.GA+GA²=MG²-2GM.GA+GA²

    MB²=(MG+GB)²=MG²+2MG.GB+GB²=MG²-2GM.GB+GB²

    MC²=(MG+GC)²=MG²+2MG.GC+GC²=MG²-2GM.GC+GC²

    MA²+MB²+MC²= 3MG²+GA²+GB²+GC² Pour virer les 2GM.GA, 2GM.GB, 2GM.GC, je doit dire quoi? G est équidistant de A,B,C?

  3. Bonsoir, j'ai un commentaire de texte. Il me faut une hypothèse de lecteur ainsi que le plan détaillé.

    J'ai pensé a : I)Thèse et l'art d'agréé, II) Raisonement, III) Moral

    Voici le commentaire:

    Avant d'évoquer la mort d'Henriette d'Angleterre, Bossuet commence par exposer la thèse générale dont cette mort constitue, selon lui, l'illustration la plus éclatante, à savoir que Dieu frappe les grands pour instruire les autres hommes. Il peint ensuite le véritable affolement et la consternation générale causés par la nouvelle de l'agonie et de la mort de Madame, avant de nous introduire dans la chambre de la mourante pour nous montrer les efforts désespérés du roi et de Monsieur s'attachant vainement à retenir la

    princesse parmi eux. Il termine enfin par une sorte de brève déploration lyrique sur le tragique destin d'une princesse

    brutalement fauchée dans la fleur de l'âge.

    Bossuet prend donc soin de préparer son auditoire au triste récit qu'il va entendre, en s'employant à expliquer au préalable le caractère si brutal et prématuré de la mort de Madame, qui, loin de l'inciter à s'en prendre à Dieu, devrait, au contraire, l'incliner à admirer encore davantage la sagesse et la sollicitude de la Providence. Si le récit avait précédé l'explication, l'auditoire aurait pu être trop ému pour prêter vraiment attention à cette explication, voire mal disposé à l'accepter. Bossuet veut éviter que la douleur l'empêche de voir la signification de la mort de Madame et d'en tirer la leçon qu'elle lui donne, et plus encore éviter que cette douleur ne crée un mouvement de colère et de

    révolte contre Dieu. Pour l'orateur sacré, loin d'être un accident gratuit, la mort d'Henriette d'Angleterre a été soigneusement programmée par la divine Providence; loin d'être une exception déplorable, le destin tragique de la princesse est, au contraire, la parfaite illustration de la pratique constante de Dieu en ce qui concerne les grands, et c'est ce sur quoi il veut tout d'abord attirer l'attention de son auditoire, ce qu'il fait avec un art consommé.

    « Considérez, Messieurs, ces grandes puissances que nous regardons de si bas. Pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu les frappe pour nous avertir. Leur élévation en est la cause; et il les épargne si peu qu'il ne craint pas de les sacrifier à l'instruction du reste des hommes. » La thèse de Bossuet est posée d'une manière oratoire. Quelqu'un qui ne serait pas orateur dirait : "Considérez comme Dieu frappe les grandes puissances pendant que nous tremblons sous leur main". L'orateur annonce les choses, les prépare, les fait attendre». Il sait, en effet, ménager très habilement l'intérêt. Pour renouveler l'attention de son auditoire, il commence par le dérouter un court instant, en feignant d'oublier la personne particulière qui est l'objet de son discours, pour l'inviter à diriger ses pensées vers l'ensemble des « grandes puissances » sans lui dire pourquoi il l'y invite : « Considérez, Messieurs, ces grandes puissances que nous regardons de si bas ». Bossuet semble donc inciter les courtisans qui l'écoutent à faire ce à quoi la plupart d'entre eux ne sont que trop portés : lever les yeux vers les fausses grandeurs qui les fascinent [10]. Mais son intention n'est assurément pas d'encourager la tendance naturelle des hommes en général et des courtisans en particulier à idolâtrer les « grandes puissances », bien au contraire. Aussi, après avoir marqué une légère pause, pour mieux piquer la curiosité de son auditoire, l'invite-t-il à constater que « pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu les frappe pour nous avertir ». Et, de nouveau, il se montre orateur. Il aurait pu dire, en effet : « Dieu les frappe pour nous avertir, pendant que nous tremblons sous leur main ». Mais il préfère inverser l'ordre des propositions, pour prolonger ainsi encore un peu l'attente de l'auditoire et mieux souligner combien la conduite de Dieu à l'égard des grands contraste avec la vision que nous avons d'eux. Parce que « nous les regardons de si bas », nous avons tendance à croire qu'il n'y a personne au-dessus d'eux et qu'ils sont hors de toute atteinte; parce que « nous tremblons sous leur main » de peur qu'elle ne nous frappe, nous oublions qu'ils sont eux-mêmes sous la main de Dieu qui peut, lui, les frapper quand et comme il le veut. Et il les frappe non seulement, comme il nous frappe, comme il frappe tous les hommes, mais il les frappe aussi « pour nous avertir ». Il les frappe parce que « nous tremblons sous leur main », alors que nous ne devrions trembler que sous la sienne; il les frappe parce que, tremblant sous leur main, nous avons tendance à oublier qu'ils sont eux-mêmes sous la main de Dieu et à les regarder ainsi comme des dieux; il les frappe enfin, parce que, tremblant sous leur main, nous serons d'autant plus impressionnés, d'autant plus frappés par le coup qui les frappe.

    Ainsi Dieu ne frappe pas seulement les grands bien qu'ils soient grands; il les frappe parce qu'ils sont grands, nous dit Bossuet qui résume sa pensée dans une phrase à dessein plus brève : « leur élévation en est la cause ». Il semble ainsi reprendre un lieu commun de la sagesse antique. Mais, bien sûr, Bossuet ne se place pas dans la même perspective que les anciens qui pensaient volontiers que les grandeurs étaient susceptibles de susciter la jalousie des dieux. Le dieu de Bossuet ne saurait vouloir punir une « élévation » dont il est lui-même l'auteur; il veut seulement s'en servir pour donner aux hommes une leçon qui devrait être particulièrement forte et efficace. Car, du fait de leur « élévation », les grands tombent de beaucoup plus haut que les autres et leur chute se voit de très loin. En les « frappant », Dieu peut donc rappeler à un très grand nombre d'hommes à la fois et le néant de l'homme en général, et celui des grandeurs humaines en particulier.

    Bossuet en profite pour répondre en passant à une accusation que l'on peut être souvent tenté de lancer contre Dieu, comme les libertins ne manquent pas de le faire : l'extrême inégalité des conditions de vie peut, en effet, aisément nous inciter à douter de la justice et de la bonté de Dieu et à lui reprocher un favoritisme éhonté. Et, plus que tout autre dieu, celui de Bossuet se trouve exposé à ce reproche, puisqu'il se flatte d'être le promoteur et le protecteur de toutes les hiérarchies sociales. C'est donc pour laver son dieu de ce reproche que Bossuet ajoute : « et il les épargne si peu qu'il ne craint pas de les sacrifier à l'instruction du reste des hommes ». Selon lui, loin d' « épargner » les grands, Dieu les frapperait plus volontiers et plus fort que les autres, loin de les favoriser, il n'hésiterait pas à les « sacrifier » pour le bien « du reste des hommes ». S'il fallait en croire Bossuet, loin d'être résolument à droite comme on l'en accuse généralement, Dieu serait au fond passablement gauchiste.

    En voulant blanchir Dieu du reproche de partialité envers les grands, Bossuet semble donc l'exposer au reproche inverse. Mais il a prévu l'objection et il s'empresse d'y répondre ou plutôt d'annoncer qu'il y répondra dans la seconde partie : « Chrétiens, ne murmurez pas si Madame a été choisie pour nous donner une telle instruction. Il n'y a rien ici de rude pour elle, puisque, comme vous le verrez dans la suite, Dieu la sauve par le même coup qui nous instruit ». Et c'est pour arrêter net le frémissement de protestation qui risquerait de parcourir son auditoire que Bossuet va l'interpeller en utilisant, au lieu du mot « Messieurs » qu'il avait employé un peu auparavant, le mot « Chrétiens ». Bossuet s'empresse de rappeler à son auditoire que, devant un sort qui leur paraît profondément cruel et injuste, les chrétiens, bien loin de se révolter contre Dieu, doivent toujours continuer à faire confiance à la Providence et se dire qu'elle connaît beaucoup mieux que nous notre véritable bien et notre véritable intérêt. Bossuet semble annoncer une réponse qui ne concernera que la seule Henriette d'Angleterre. Mais celle qu'il nous donnera vaudra pour tous les grands dont le salut est rendu particulièrement hasardeux du fait de leur « élévation » qui les expose sans cesse à toutes sortes de tentations et tout d'abord à celle de se laisser griser par leur gloire. Pour Bossuet, la mort d'Henriette d'Angleterre, si cruelle, si calamiteuse qu'elle pût paraître, parce que si prématurée et si imprévue, était donc, en réalité, une mort inespérée, une mort providentielle.

    Bossuet prétend que Dieu se sert des grands pour rappeler aux autres hommes qu'ils sont mortels et les convaincre en même temps du néant des grandeurs.

    Si l'explication que Bossuet nous propose de la mort prématurée d'Henriette d'Angleterre, relève assurément de la faribole. Bossuet est toujours très exigeant sur le plan de l'expression, s'il l'est souvent bien peu sur celui de la pensée. Certes le style de ce passage reste relativement neutre : Bossuet n'y déploie pas encore, comme il va le faire aussitôt après, toutes les ressources de son éloquence. C'est en quelque sorte, le récitatif qui précède le grand air. Mais il n'en soigne pas moins ses phrases qui sont, comme à son habitude, fort bien rythmées. L'eurythmie de ce passage tient essentiellement au fait qu'il comporte de nombreux éléments isométriques et cette égalité des cadences traduit la tranquille assurance de l'orateur certain, grâce à sa foi, d'avoir et de donner aux questions que son auditoire pourrait se poser, des réponses aussi claires que définitives. Ainsi la deuxième phrase est-elle composée de deux éléments de même longueur : « Pendant que nous tremblons sous leur main (9), Dieu les frappe pour nous avertir (9) »; et cette symétrie fait ressortir l'opposition que Bossuet établit entre la peur que les grands nous inspirent et la façon dont Dieu les traite. La phrase suivante reprend les mêmes cadences : « Leur élévation en est la cause [9]; et il les épargne si peu [8] qu'il ne craint pas de les sacrifier [9] à l'instruction du reste des hommes [9] ». Et l'on retrouve la même impression d'équilibre dans la fin du passage avec des cadences qui se répondent (7/7; 10/10; 2+9/3+9) : « Chrétiens, ne murmurez pas (7) si Madame a été choisie (7) pour nous donner une telle instruction (10). Il n'y a rien ici de rude pour elle (10), puisque (2), comme vous le verrez dans la suite (9), Dieu la sauve (3) par le même coup qui nous instruit (9) ».

    Bossuet va ensuite annoncer le récit de la mort de Madame par une phrase qui sert de transition entre la préparation au récit et le récit lui-même : « Nous devrions être assez convaincus de notre néant; mais s'il faut des coups de surprise à nos cœurs enchantés de l'amour du monde, celui-ci est assez grand et assez terrible ». En effet, au moment d'évoquer un événement dont il souligne lui-même le caractère profondément tragique (« assez grand et assez terrible »), Bossuet sent qu'il est nécessaire d'en rappeler une dernière fois le sens; il sent qu'il est nécessaire de rappeler une dernière fois que, si la Providence a dû se résoudre à frapper un « coup » aussi « grand » et aussi « terrible », c'est à nous seulement que nous devons nous en prendre. En effet, alors que « nous devrions être assez convaincus de notre néant », Bossuet nous rappelle continuellement que nous sommes mortels , et mépriser toutes les choses d'ici-bas, l'attrait que le « monde » exerce sur nous agit comme un véritable « enchantement » . Et c'est pour rompre cet enchantement et parce que nous ne faisons plus attention aux avertissements que nous recevons sans cesse, mais auxquels nous sommes trop habitués, que Dieu est obligé de temps en temps d'avoir recours à « des coups de surprise » .

    Après avoir fait attendre le récit de la mort de Madame, Bossuet va le lancer d'une manière particulièrement saisissante : « Ô nuit désastreuse! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte! » Nulle phrase de Bossuet n'est sans doute plus célèbre que celle-ci, et elle l'est justement. Car cette phrase qui donne l'impression d'être dictée par l'émotion que soulève spontanément un souvenir terrible, est très savamment élaborée. L'art de Bossuet se manifeste d'abord dans la structure générale de la phrase. Aux deux exclamations initiales (« Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable ! ») scandées par l'anaphore (« Ô nuit ») et séparées par une légère pause, font écho les deux brèves propositions finales (« Madame se meurt, Madame est morte ! ») scandées par une autre anaphore (« Madame »). Cette première et cette dernière séquence symétriques encadrent une séquence plus longue (« où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle ») qui contraste fortement avec elles.

    Les deux exclamations initiales sont de même longueur : « Ô nuit désastreuse! (5), ô nuit effroyable (5) » et ont le meme rythme (2+3). Elles retentissent comme deux coups de cymbale, dont le second est plus puissant que le premier, grâce à l'adjectif « effroyable » plus sonore que « désastreuse » ». A la lenteur solennelle de cette première séquence s'oppose le rythme rapide et haletant de la séquence médiane qui est particulièrement remarquable. La réussite tient d'abord à la parfaite régularité du rythme, avec trois membres d'égale longueur et accentués de la même façon : « où retentit tout à coup (7=4+3), comme un éclat de tonnerre (7=4+3), cette étonnante nouvelle (7=4+3) ». La réussite tient aussi au jeu des sonorités et principalement aux allitérations en k, en n et surtout en t (« où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle »). Au total, cette séquence constitue une véritable petite rafale de mitrailleuse, avec son cliquetis régulier et le crépitement des explosives (t et k). Les vibrantes r et l permettent enfin à la voix de l'orateur de résonner avec force, notamment à la fin des deux derniers des deux derniers éléments (« comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle »)

    Ces effets tiennent, bien sûr, au choix, mais aussi à l'ordre des mots, à l'inversion qui met en tête le verbe, suivi par l'élément comparatif, le sujet étant rejeté à la fin. Pour mieux apprécier cette réussite, il suffit d'ailleurs de rétablir l'ordre normal des mots. En effet, si Bossuet avait écrit « où cette étonnante nouvelle retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre », la phrase aurait été beaucoup moins célèbre. L'antéposition de l'adjectif dans « cette étonnante nouvelle » contribue aussi à cette réussite exceptionnelle. Certes le rythme aurait été le même (4+3) si Bossuet avait dit « cette nouvelle étonnante », mais le jeu des sonorités aurait été très affaibli : d'une part, l'allitération en t aurait, en effet, été moins appuyée, à la fois parce que le premier t aurait été suivi d'une muette et aurait donc été très atténué, et parce que le deuxième n'aurait plus succédé immédiatement au premier, et, d'autre part, la vibrante du mot « nouvelle » n'étant plus alors en position finale, n'aurait pas sonné de la même façon. On aurait enfin perdu le rapprochement si heureux des deux mots de la même famille « tonnerre » et « étonnante », rapprochement qui rend à l'adjectif toute la vigueur de son sens étymologique.

    Le rythme précipité de la séquence médiane laisse brusquement la place à la lenteur accablée avec laquelle sont égrenées les deux annonces si célèbres : « Madame se meurt, Madame est morte ». L'utilisation de deux formes différentes du verbe « mourir » [24], la première, la forme pronominale, évoquant l'action en train de se faire, et la seconde, le passé composé, évoquant l'action accomplie, employées sans aucun mot, aucune formule de qualification, exprime de manière saisissante la soudaineté, la brutalité de la mort de Madame : à peine a-t-on eu le temps d'apprendre non pas que Madame était malade, non pas qu'elle était très malade, mais qu'elle était mourante, et l'on a appris qu'elle était morte. Les cadences rappellent celles de la première séquence, à ceci près que, alors que les deux éléments en étaient rigoureusement égaux (5+5), cette fois-ci le second est un peu plus court que le premier (5+4). Mais si les cadences rappellent la séquence initiale, la dynamique est différente : tout à l'heure, la voix s'enflait, la voix montait pour attirer l'attention de l'auditoire et annoncer la nuit tragique; maintenant la voix s'abaisse, la voix s'assourdit en un decrescendo qui s'oppose au crescendo initial.

    Après cette annonce si dramatique, commence un récit qui, à vrai dire, du moins au début, ne semble être guère qu'une reprise et un développement de cette annonce : « Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? Au premier bruit d'un mal si étrange, on accourut à Saint-Cloud de toutes parts; on trouve tout consterné, excepté le cœur de cette princesse. Partout on entend des cris, partout on voit la douleur et le désespoir, et l'image de la mort. Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré, et il me semble que je vois l'accomplissement de cette parole du prophète : Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d'étonnement ».

    On le voit, en effet, ce récit ne ressemble guère à un récit. Bossuet raconte moins ici la mort de Madame que l'émotion de la cour et la sienne. Son récit est ainsi moins narratif que lyrique. Mais un récit « moins narratif que lyrique » est-il encore un récit ? N'est-il pas plutôt une simple évocation ? Quoi qu'il en soit, ce que Bossuet raconte ou évoque, c'est essentiellement, en effet, l'extrême surprise, l'immense désarroi, la consternation générale causés par l'événement. Dans cette première partie du récit, il ne dit rien du comportement de la princesse si ce n'est pour faire une très rapide allusion à son courage, courage sur laquelle il reviendra dans la seconde partie du récit, et c'est pour l'opposer eu désespoir de son entourage : « on trouve tout consterné, excepté le cœur de cette princesse ». Quant au mal qui va l'emporter en quelques heures, il se contente de faire une rapide allusion à son caractère mystérieux (« un mal si étrange »), caractère bien propre à rappeler à son auditoire la toute puissance de la mort qui peut frapper à tout moment et lors même qu'on s'y attend le moins.

    L'évocation elle-même de l'affolement et du désespoir qui s'emparent de tous ceux qui apprennent la nouvelle, reste volontairement très générale. On ne trouve aucun détail concret, aucune indication précise si ce n'est la mention de Saint-Cloud, la résidence de Monsieur (« on accourut à Saint-Cloud de toutes parts »). Bossuet s'emploie essentiellement à souligner l'unanimité, l'universalité des sentiments suscités par cette nouvelle (« qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? »), avec une insistance très marquée grâce à la répétition lancinante de l'adjectif et du pronom « tout » ainsi que de l'adverbe « partout » (« de toutes parts; on trouve tout consterné [...] : partout on entend des cris, partout on voit la douleur [...]. toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré ») et à la gradation (« le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu tout est désespéré ») qui évoque d'abord des individus isolés (« le roi, la reine, Monsieur »), puis des groupes (« toute la cour, tout le peuple »), le second étant, bien sûr, incomparablement plus large que le premier, avant de rassembler tout le monde grâce au pronom « tout ».

    Pour exprimer la consternation générale, Bossuet ne craint pas d'employer les mots les plus simples et les plus ordinaires comme « cris », « douleur », « désespoir », et il ne craint pas de reprendre des termes qu'il a déjà employés . Il crée enfin une de ces gradations ternaires, qu'il aime tant, en ménageant une double progression à la fois sémantique et volumétrique : « partout on voit la douleur et le désespoir, et l'image de la mort » rythme ternaire avec une double progression : le sens est de plus en plus fort et le volume va croissant le sens. On notera aussi qu'il ne dit pas « la douleur, le désespoir, et l'image de la mort », mais « la douleur et le désespoir, et l'image de la mort ». Il veut ainsi donner ainsi l'impression d'improviser, de parler sous la dictée de l'émotion. En effet, les deux premiers compléments étant coordonnés, on ne s'attend pas à en trouver un troisième.

    Bossuet va se servir, et cette fois-ci explicitement, puisqu'il s'agit d'un auteur sacré, d'un verset d'Ezéchiel prophétisant la ruine de Jérusalem, tout en se gardant bien d'affirmer (« il me semble ») qu'Ezéchiel avait effectivement pensé à la mort d'Henriette d'Angleterre : « Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d'étonnement ». Il a évidemment choisi ce passage parce qu'il y retrouvait les principaux acteurs qu'il venait d'évoquer : le roi, le prince, c'est-à-dire Monsieur, et le peuple.

    Pour évoquer cette « désastreuse » et « effroyable », Bossuet ne craint pas d'employer les mots et les expressions les plus forts, les tournures les plus insistantes, les formules les plus hyperboliques. Il conférer à son récit un caractère quasi épique et de ranger implicitement la mort d'Henriette d'Angleterre parmi les grands événements tragiques qui marquent l'histoire de l'humanité.

    Ce récit si dramatique est aussi admirablement rythmé. La hâte avec laquelle ceux qui apprennent l'état de Madame affluent vers le château de Saint-Cloud, est rendue très simplement mais très efficacement par le dépouillement de la phrase : « on accourut à Saint-Cloud de toutes parts », dans laquelle les deux groupes de mots de même longueur, « on accourut » (4) et « de toutes parts » (4) se font écho pour évoquer, le premier, la précipitation et le second, l'afflux des visiteurs, en encadrant « à Saint-Cloud » qui évoque le lieu où tous convergent. On retrouve ensuite les cadences soigneusement calculées, et notamment ces éléments de 5 et de 7 syllabes, qui scandaient l'annonce du récit : « on trouve tout consterné (7), excepté le cœur (5) de cette princesse (5). Partout on entend des cris (7), partout on voit la douleur (7) et le désespoir (5), et l'image de la mort (7). Le Roi, la Reine, Monsieur (7), toute la Cour, tout le peuple (7), tout est abattu (5), tout est désespéré (6) ». Dans cette dernière phrase, on a un puissant effet de contraste entre une première partie de phrase, marquée par un crescendo et une accélération du rythme jusqu'à « peuple », et une seconde partie qui, par la chute de la voix, le ralentissement du rythme, et les deux membres courts et presque égaux, semble faire écho à « Madame se meurt, Madame est morte ». La citation tirée de la bible est, elle aussi, soigneusement rythmée : un premier membre court Le roi pleurera (5) est suivi de trois membres un peu plus longs et rigoureusement égaux : le prince sera désolé (:D, et les mains tomberont au peuple (:D de douleur et d'étonnement. (8) dont les deux derniers sont accentués de la même façon (3+5).

    Après avoir marqué une légère pause, Bossuet reprend son récit, mais sur un ton un peu différent : « Mais et les princes, et les peuples gémissaient en vain; en vain Monsieur, en vain le Roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements. Alors ils pouvaient dire l'un et l'autre, avec saint Ambroise : "Stringebam bracchia, sed jam amiseram quam tenebam : Je serrais les bras, mais déjà j'avais perdu ce que je tenais". La princesse leur échappait parmi des embrassements si tendres, et la mort plus puissante nous l'enlevait entre ces royales mains ». La première phrase assure la transition avec le début du récit. Bossuet, revient sur le caractère universel du désespoir qui s'empare de l'ensemble de la société (« et les princes et les peuples »), comme il s'empare des proches de Madame, au premier rang desquels Bossuet met Monsieur et le roi. Mais, s'il revient sur ce désespoir, c'est pour en souligner l'inutilité en employant à trois reprises la locution « en vain ». Aussi va-t-il maintenant s'attacher à évoquer le seul désespoir de Monsieur et du roi. En effet, si le désespoir qu'elle peut causer aux autres était susceptible d'empêcher ou, à tout le moins de retarder la mort d'une personne, c'est, bien sûr, le désespoir des proches, des parents ou des amis les plus chers de cette personne, qui devrait avoir le plus de chances d'y parvenir. Mais Bossuet veut justement rappeler que la mort ne se laisse fléchir par personne, et c'est pourquoi d'ailleurs il ne respecte plus l'ordre hiérarchique en nommant cette fois Monsieur avant le roi. Personne, pas même le roi (« en vain le Roi même »), c'est-à-dire l'homme le plus important, le plus puissant de tout le royaume, ne pouvait rien faire pour sauver Madame.

    C'est pourquoi aussi Bossuet ne retient qu'une seule manifestation du désespoir de Monsieur et du roi : le geste de serrer Madame dans leurs bras. Certes l'évocation de ce geste donne au récit, jusque-là si imprécis, un caractère un peu plus concret. Mais Bossuet cherche beaucoup moins à offrir à son auditoire une peinture frappante et expressive de l'immense douleur de Monsieur et du roi qu'à souligner la toute-puissance de la mort. Il veut surtout voir, en effet, dans ce geste le suprême mais stérile effort des hommes pour retenir la princesse mourante parmi eux. C'est pourquoi il ne craint pas de répéter le verbe « serrer » (« tenaient Madame serrée [...] Je serrais les bras »), comme il répète le mot « embrassements » dont le sens est renforcé par les adjectifs « étroits » et « tendres » renforcés eux-mêmes par l'adverbe « si ». Il suggère l'image d'une lutte désespérée, car inégale et perdue d'avance, entre, d'une part, Monsieur et le roi, et, d'autre part, la mort, comparée implicitement (« et la mort plus puissante nous l'enlevait entre ces royales mains ») à une sorte d'immense oiseau de proie, en train de leur arracher la victime sur laquelle elle s'est jetée.

    De même qu'il avait tout à l'heure couronné l'évocation de la consternation générale causée par la nouvelle de l'agonie et de la mort d'Henriette d'Angleterre en faisant appel à un verset d'Ezéchiel, Bossuet, se sert maintenant, pour résumer la vaine lutte de Monsieur et du roi contre la mort, d'une phrase de saint Ambroise, considéré comme le père et le docteur de l’Eglise : Stringebam bracchia, sed jam amiseram quam tenebam..

    En même temps que l'évocation se fait plus intime, en même temps que la vision se resserre autour de Madame que Monsieur et le roi pressent dans leurs bras, les phrases se font plus simples, le ton moins solennel. La première phrase seule reste encore très rhétorique. Elle est, en effet, construite en deux parties qui se répondent, chacune d'elles, comportant deux sujets et, à la reprise de « et » dans la première correspond celle de « en vain » dans la seconde. Mais le parallélisme s'accompagne d'un chiasme dans la mesure où les deux sujets sont donnés, la première fois, dans l'ordre hiérarchique (« et les princes et les peuples ») et la seconde fois, dans l'ordre inverse (« en vain Monsieur, en vain le roi même »), et surtout, car c'est l'effet le plus sensible, la seconde partie commence en reprenant l'expression adverbiale « en vain » sur laquelle s'achevait la première , soulignant ainsi avec force l'inutilité des efforts de Monsieur et du roi.

    Ce changement de ton prépare le passage du récit au commentaire qui va le suivre et dans lequel Bossuet va revenir, pour la déplorer, sur l'extrême brutalité de la mort d'Henriette d'Angleterre. L'exclamation : « Quoi donc ! elle devait périr si tôt ! », par laquelle commence ce lamento, semble échapper au prédicateur. Ce n'est plus l'homme d'Eglise qu'on croit entendre ici, mais un homme ordinaire qui, devant une destinée qui paraît si injuste, ne peut s'empêcher d'exprimer un étonnement douloureux, derrière lequel on sent percer un mouvement de révolte. Le verbe « devoir » (« elle devait périr ») est, en effet une ironie . Le destin normal, le destin naturel d'un être humain non seulement n'est pas de « périr si tôt », mais il est de « mourir » et non de « périr ». Le verbe « périr » suggère une mort violente ou accidentelle : on périt dans un accident, dans une catastrophe naturelle, on périt à la guerre, on périt assassiné; on ne périt pas de vieillesse ou de maladie : on en meurt; on ne périt pas dans son lit : on y meurt. Si donc Bossuet emploie ici un mot qui, en l'occurrence, paraît impropre, c'est pour souligner le caractère anormal et, en apparence, profondément injuste du destin d'Henriette d'Angleterre.

    Et pour mieux faire ressortir cette injustice, Bossuet rappelle que, le plus souvent, on a le temps de voir venir la mort : « Dans la plupart des hommes les changements se font peu à peu et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup ». Bossuet nous rappelle que le vieillissement, la lente diminution de la vitalité, l'affaiblissement progressif des facultés, voire la perte de certaines d'entres elles , constituent, en effet, pour « la plupart des hommes » une préparation naturelle à la mort.

    Après les citations d'Ezéchiel et de saint Ambroise, Bossuet exprime d'une manière plus ramassée et plus frappante l'infinie tristesse d'une destinée si tôt interrompue : « Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l'herbe des champs. Le matin, elle fleurissait; avec quelles grâces, vous le savez : le soir, nous la vîmes séchée; et ces fortes expressions par lesquelles l'Ecriture sainte exagère l'inconstance des choses humaines, devaient être pour cette princesse si précises et si littérales ! ».

    Malgré cette émotion, Bossuet n'oublie pas de rappeler au passage à son auditoire qu'il faut toujours prendre très au sérieux ce que dit l'Ecriture sainte. Pour Bossuet, si l'Ecriture « exagère », ce n'est pas au sens moderne du mot : l'Ecriture n'en rajoute jamais, à plus forte raison ne charrie-t-elle jamais, si j'ose ainsi dire. Bossuet prend ici le mot dans le sens fréquent à l'époque classique de « souligner », de « faire ressortir ». Il sait que ceux qui l'écoutent sont, eux, volontiers portés à penser que les « fortes expressions » dont se sert l'Ecriture pour peindre le néant de l'homme ne sont que des images et qu'il ne faut pas leur attacher trop d'importance et encore moins les prendre à la lettre. Il saisit donc l'occasion de leur prouver qu'elles peuvent être parfois d'une exactitude littérale et à en conclure qu'elle peuvent l'être pour tout le monde, comme elles l'ont été pour Henriette d'Angleterre : ce qui lui est arrivé peut arriver à tout le monde; tous ceux qui sont encore au matin de leur vie, peuvent, comme elle, passer sans transition du matin au soir.

    A la solennité dramatique, aux accents tragiques du début du récit, a succédé maintenant la tristesse élégiaque. Parlant devant un auditoire où tout le monde ou presque avait connu, plus ou moins bien, Henriette d'Angleterre, Bossuet peut évoquer son charme et sa beauté, en se contentant de renvoyer chacun au souvenir qu'il gardait d'elle (« avec quelles grâces, vous le savez »). S'il ne s'attarde pas à rappeler les attraits d'Henriette d'Angleterre, il évoque encore bien plus brièvement leur brusque destruction, puisqu'il se contente d'un seul mot (« séchée »), créant ainsi un saisissant effet de contraste.

    La poésie de ce lamento tient aussi à la douceur des sonorités. Après les éclats qui ont marqué le début du récit, après les grondements des vibrantes et le fracas des explosives, domine maintenant le soupir des sifflantes : « Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l'herbe des champs. Le matin, elle fleurissait; avec quelles grâces, vous le savez : le soir, nous la vîmes séchée ». Mais l'euphonie de ces lignes n'a d'égale que l'eurythmie que leur confèrent les parallélismes métriques et les cadences régulières, notamment octosyllabiques : « Madame cependant (6) a passé du matin au soir (8), ainsi que l'herbe des champs (7). Le matin, elle fleurissait (8); avec quelles grâces, vous le savez (10) : le soir, nous la vîmes séchée (8); et ces fortes expressions (8) par lesquelles l'Ecriture sainte (9) exagère l'inconstance des choses humaines (13), devaient être pour cette princesse (9) si précises et si littérales! (9) »

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